Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l’association Lambersart Kaniv Ukraine est toujours très active pour envoyer de l’aide à Kaniv et accompagner les Ukrainiens restés en France.

Le 24 février 2022, la Russie attaque l’Ukraine. Très vite, de nombreux Ukrainiens, et surtout Ukrainiennes, fuient leur pays en guerre pour se réfugier dans des pays limitrophes mais aussi en France. Comme celles d’autres associations du même type, les activités de l’association Lambersart Kaniv Ukraine, née il y a 25 ans, sont bouleversées et prennent une ampleur inattendue. Jusqu’alors cantonnée dans des actions culturelles avec la ville de Kaniv, ainsi que caritatives, avec le financement de matériel pour l’hôpital local et des structures scolaires et culturelles, l’association s’engage dès les débuts de la guerre dans l’envoi d’aide humanitaire, en partenariat avec d’autres acteurs locaux et avec le soutien de la Ville.

Des cours de français et des moments conviviaux

Puis, c’est à l’aide à l’accueil de réfugiés ukrainiens que les membres de l’association s’attellent. À l’époque, une maison rue du 8-Mai-1945, prêtée par le bailleur Vilogia à la Ville, devient le centre névralgique de la gestion de l’élan de générosité des Lambersartois avant d’accueillir les réunions des Ukrainiens hébergés dans le secteur, des permanences d’aide administrative puis des cours de français. Quelques temps plus tard, cette base est transférée dans l’ancien CCAS, à côté de la mairie, puis plus récemment dans une salle de l’école Maintenon, rue Champêtre à Canteleu.

Des cours de français assurés par des enseignants ou ex-enseignants bénévoles s’y tiennent toujours deux fois par semaine, même si une majorité d’Ukrainiens sont repartis dans leur pays : « Kaniv est relativement calme, les Ukrainiens qui sont restés, pas plus d’une dizaine sur Lambersart, viennent de secteurs proches de zones de guerre », expliquent Pierre Dumoulin, président, et Alain Mazereeuw, vice-président. Ils ne sont plus hébergés dans des familles, mais dans des logements plus classiques, mis à disposition souvent par l’association Ukraine en Nord « avec laquelle on travaille ».
Localement, un groupe WhatsApp « permet de maintenir les liens, de faire le point sur les cours, d’apporter des explications sur des démarches administratives ». Les membres donnent de leur temps aussi pour des conduites ou de l’accompagnement de démarches, compliquées quand on ne parle pas bien le français. Enfin, chaque mois, un temps convivial est organisé : Noël, galette des rois, Chandeleur…

De l’aide envoyée à Kaniv
Le lien est aussi maintenu avec ceux repartis à Kaniv. « Grâce à internet, on a des nouvelles lors des moments importants comme la rentrée des classes ou Noël », explique Pierre Dumoulin. « C’est parfois un crève-coeur quand ils nous racontent que les cours sont assurés en présentiel seulement pour la moitié des élèves, de manière tournante, car il n’y a pas assez de place dans les abris en cas d’alerte. Pour eux, c’est le quotidien », s’attriste Alain Mazereeuw, qui cite aussi des « personnes qu’on a connues rayonnantes et qui sont aujourd’hui bien tristes ».

Bien sûr, Lambersart Kaniv Ukraine continue de faire parvenir à Kaniv des dons financiers, 6500 € en 2023, car «les transferts sont facilités et nous donnons et demandons des justificatifs». Avec cet argent, l’association a payé le salaire d’un professeur de français de l’école n°6, cette école a aménagé le sous-sol qui sert d’abri, l’hôpital local a pu récemment acheter du matériel, notamment des lits, le collège de la culture et des arts a acquis des consommables, et le centre de bénévolat qui aide les soldats a pu acheter des gants, des pansements, des garrots, des filets de camouflage.... « Nous avons aussi envoyé de la layette, participé au marché de Noël en vendant des objets ukrainiens », souligne Pierre Dumoulin.

Une lettre émouvante

A l’occasion des fêtes de fin d’année, Pierre Dumoulin a reçu une lettre émouvante du maire de Kaniv, Igor Renkas. « Je voudrais témoigner un grand respect (…) aux membres de l’association ainsi qu’à tous les habitants de Lambersart qui ont aidé Kaniv dès les premiers jours de la grande guerre et ne nous ont pas abandonnés tout au long de l’année 2023 », écrit ce dernier en ouverture, avant de détailler l’action de la commune pendant la guerre. Il termine : « Les fonds collectés par les habitants de Lambersart et transférés à Kaniv contribuent à sauver la vie des Ukrainiens, à restaurer les forces des soldats, à organiser le travail des écoles et des jardins d’enfants (…) Les fonds de votre part travaillent pour la paix et le bien ».

Lettre du maire de Kaniv

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Taille: 50.97 Ko Extension: pdf Publié le 22 Fév. 2024

Une vie en France, en attendant le retour en Ukraine

Au cours de français de l’association, nous avons rencontré Veronika, 17 ans. Sportive de haut niveau, elle est arrivée de la région de Mykolaiv, non loin des zones de guerre, en novembre 2022, accompagné de sa coach Natalia. Logée dans une des maisons de la rue Eugène-Descamps, par l’intermédiaire de l’association Ukraine en Nord, elle ne vit que pour ses entraînements au club de kayak de Lille. « Deux fois par jour ». Elle concourt sous les
couleurs françaises. Elle suit aussi des cours en Ukraine par internet, et passe du temps au téléphone avec sa famille réfugiée, elle, en Bulgarie.

Svitlana, venue de Soumy, une région en guerre, est une chirurgienne en retraite. Une de ses filles vivait à Lambersart avant la guerre, alors c’est tout naturellement qu’elle et sa deuxième fille sont arrivées par ici. Son fils, lui, est soldat à Bakhmut, et c’est une inquiétude quotidienne. Elle s’occupe en tricotant, cuisinant…
Également retraitée, Mariia a vu son appartement de Kharkiv bombardé dès mars 2022. Jusqu’à l’été 2023, elle était hébergée par une famille, avant de se trouver un petit logement. C’est la plus ancienne élève du cours de français.

Le jeune Maksym est arrivé avec sa mère en août de Kharkiv. Il se débrouille déjà bien en français, son prochain
objectif étant d’intégrer les cours de français de l’Université de Lille afin de pouvoir commencer des études d’informatique. Pourtant, pour chacun, la vie en France est vue comme une parenthèse. Tous attendent le retour en Ukraine. « Il n’y a pas d’autre possibilité que de gagner la guerre », déclare Maksym.

Repas ukrainien à Lambersart

Chaque année, l’association organise un repas traditionnel ukrainien en musique au profit de ses actions.

Le prochain aura lieu le dimanche 17 mars au castel Saint-Gérard.

Tarif : 22€ (12 € moins de 12 ans). Places limitées.
 

Inscriptions avant le 10 mars avec le chèque à l’ordre de Lambersart Kaniv Ukraine, au 18 avenue de Boufflers, 59130 Lambersart.

Renseignements : tél 06 09 02 39 19, courriel asso [point] lkuatgmail [point] com (: asso[dot]lku[at]gmail[dot]com)