Pour respecter enfin son obligation légale, la Ville s’engage dans la réalisation d’un projet d’habitat adapté pour 11 familles sédentarisées de gens du voyage vivant dans la métropole.

Un temps d’échange fructueux

La Ville a organisé le 23 septembre un temps d’échange en extérieur entre les partenaires du projet d’habitat adapté pour les gens du voyage (MEL, Habitat du Nord, Soliha), les habitants proches du projet et des familles de gens du voyage présélectionnées. Après un accueil par Nicolas Bouche, maire, le projet a été présenté par Fabrice Bouquet, d’Habitat du Nord, le bailleur social. « C’est une opération de logement social ordinaire, mais dans la conception il y a des particularités qui répondent aux demandes des gens du voyage », a-t-il résumé. La volonté avec ces petites maisons qui possèdent un carport pour caravanes est d’offrir un habitat résidentiel, avec « portail d’accès au site, local technique et poubelles, espaces verts privés, périmètre végétalisé… » L’association Soliha a ensuite présenté les besoins des gens du voyages qui seront retenus : avoir davantage de confort tout en conservant leur caravane, « un élément fondamental de leur histoire et de leur mode de vie ». Elle a aussi expliqué son accompagnement et rassuré les riverains. « Les familles sont amenées à devenir des habitants de Lambersart à part entière, qu’on oublie ».

Enfin, le vice-président de la MEL en charge des aires d’accueil, Patrick Delebarre, a rappelé la difficulté de vivre en aire d’accueil classique, avec le froid en hiver, des notes d’électricité avoisinant les 400 euros, cela sans APL possible. Il a espéré « faire venir beaucoup de maires ici pour les convaincre » de l’intérêt de ce type de programme.

Quelques riverains, francs mais mesurés, se sont inquiétés du délaissement d’un quartier enclavé, de l’accès au site, ou encore de la taille des familles. Surtout, ils ont pu écouter les motivations des gens du voyages présents : « j’ai un enfant de 7 ans que j’ai du mal à scolariser car la police nous fait quitter tous les 15 jours un stationnement illicite », « j’ai 12 ans et j’aimerais avoir plus de confort car actuellement je dors avec la ma mère et ma sœur dans le même lit et je suis obligée de suivre des cours par correspondance », « les hivers sont très difficiles en caravane, parfois il n’y a plus d’eau », « je vieillis et je voudrais avoir davantage de confort »… Et une jeune femme de remercier les intervenants « pour ce magnifique projet ».

Le contexte

  • La loi 

En France, les lois Besson I (1990) et Besson II (2000) encadrent les donditions de stationnement et d’accueil des gens du voyage. Chaque département a l’obligation d’adopter un Schéma Départemental d’Accueil des Gens du Voyage, pour développer les offres d’habitat adaptées aux modes de vie des gens du voyage. Chaque commune de plus de 5000 habitants a l’obligation de mettre à disposition une solution d’accueil des gens du voyage sur son territoire.

  • Sur le territoire de la MEL

La MEL organise l’accueil des gens du voyage dans la métropole. Sur ce territoire, près de 300 familles résident de façon permanente sur les 14 aires d’accueil existantes. Cette sédentarisation bloque l’accès des aires aux personnes qui voyagent réellement, et sont contraints de stationner ailleurs, de manière illicite. L’ampleur de ce nouveau phénomène de sédentarisation conduit la MEL à développer des nouvelles formes d’habitat, adaptées aux nouveaux modes de vie des gens du voyage. Le Plan Local d’Urbanisme adopté en 2019 fixe ainsi l’objectif de reloger 150 à 160 familles dans un habitat adapté. La MEL incite donc les communes n’ayant pas encore rempli leur obligation légale à développer désormais des offres d’habitat adapté.

  • A Lambersart

Lambersart est tenue d’appliquer la loi Besson et de participer à la mise en œuvre du Schéma Départemental d’Accueil des Gens du Voyage. Il prescrit à la ville la réalisation de 11 unités de logement. La commune avait, depuis le Plan Local d’Urbanisme de 2004, un emplacement réservé sur le site des Muchaux pour une aire d’accueil. Suite à la modification du Plan Local d’Urbanisme en 2016, l’emplacement réservé a été transféré sur le site des Ormes, à proximité du cimetière paysager et la commune a souhaité y réaliser de l’habitat adapté afin de répondre aux nouveaux modes de vie des gens du voyage.

Le projet

  • 11 maisons

Différentes formes d’habitat à destination des gens du voyage coexistent : l’aire d’accueil classique et le terrain familial locatif, où l’habitat mobile est dominant, et le logement social en habitat adapté, où l’habitat mobile est secondaire. Pour cette dernière forme, choisie à Lambersart, il s’agit de logements individuels, dont la configuration permet l’installation d’une caravane à proximité (qui permet l’indépendance d’un membre de la famille ou l’accueil de visiteurs temporaires), la caravane étant considérée comme une chambre.

A Lambersart, il s’agira de 11 maisons de plain pied de type 2, avec possibilité d’extension en T3 pour 3 d’entre elles, et possibilité de stationner une caravane -reliée par un auvent au logement- et deux véhicules sur chaque parcelle. Il s’agit de constructions classiques, en ossature bois. L’isolation sera adaptée à la proximité de plusieurs voies de chemin de fer et conçue pour limiter la consommation d’énergie.

  • Du logement conventionné

Après un appel à candidatures auquel ont répondu trois bailleurs sociaux, le terrain, propriété de la ville, sera acquis par Habitat du Nord, le lauréat de l’appel à candidature en 2019.

Les familles ciblées par ce dispositif sont celles qui ne souhaitent plus ou ne peuvent plus voyager, elle se sont sédentarisées et ancrées sur la métropole pour diverses raisons (précarité, scolarisation des enfants, perte d’autonomie, activité économique…). Elles doivent avoir réalisé une demande de logement social.

33 familles sont candidates au projet, 11 seront retenues dans le cadre d’une Commission d’Attribution Logement, conformément à la procédure en matière de logement conventionné.

Les familles seront locataires en titre de leur logement et soumises aux droits et devoirs de tout locataire, notamment s’acquitter du loyer et des charges, vivre dans leur logement au moins 8 mois par an, assurer son bon entretien…

  • Sur le site des Ormes

Le projet sera accueilli sur un terrain de 6000 m2 dans le secteur du triangle des Ormes, près du cimetière paysager et des jardins familiaux. Il bénéficiera de la proximité de toutes les commodités (écoles, transports, commerces, équipements publics…). Il sera desservi par une voirie aménagée par la MEL longeant la voie de chemin de fer.

  • Un accompagnement renforcé

L’organisme d’utilité sociale Soliha (Solidaires pour l’Habitat), mène actuellement un diagnostic approfondi des familles candidates. Soliha mènera ensuite un accompagnement des 11 familles retenues, avant l’entrée dans le logement et pendant les mois qui suivent, afin qu’elles appréhendent la vie de locataire (ouverture de compteurs, gestion des factures et des charges, relations de voisinage…) Enfin, le bailleur continuera d’assurer une gestion locative adaptée avec un suivi individualisé, toujours confié à Soliha.

Le calendrier

2021 

Diagnostic approfondi des 33 familles candidates / Présélection des familles  / Echange avec les familles présélectionnées, les riverains, les partenaires et acteurs locaux  / Dépôt du permis de construire

2022 

Début du chantier de construction / Sélection des familles en commission d’attribution

2023

Livraison des logements et installation des familles